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Presse Française spécialisée
Tirant les leçons de la catastrophe de Fukushima, l'Institut de Radioprotection et de Sûreté Nucléaire exhorte la France à renforcer ses normes de sûreté.
L'accident de Fukushima, mais également les évaluations complémentaires de sûreté, mettent en évidence la nécessité de faire évoluer sans tarder certains référentiels de sûreté des installations". Les mots sont choisis, exempts de toute volonté de polémique ; et pourtant, le dernier rapport de l'Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN), un pavé de quelque 500 pages, montre bel et bien que la France devra revoir ses normes de sûreté nucléaire après l'accident de Fukushima. Après avoir examiné les rapports d'auto-évaluation qu'EDF, le groupe nucléaire Areva et le Commissariat à l'énergie atomique (CEA) ont remis à la mi-septembre à l'Autorité de Sûreté Nucléaire, l'IRSN présentait ce jeudi ses propres analyses ; et ses experts estiment que certains référentiels en matière de sécurité nucléaire devront être revus "sans attendre les réexamens décennaux" classiques.
Après la catastrophe de la centrale japonaise, qui suivi le séisme et le tsunami survenus au Japon le 11 mars 2011, des tests de résistance ont été lancés à l'échelle européenne. Ils visaient à vérifier si les réacteurs nucléaires pourraient résister à des catastrophes naturelles (séismes, inondations et autres phénomènes climatiques extrêmes) plus graves que celles jusque-là prises en compte. Jacques Repussard, directeur général de l'IRSN, a par ailleurs mis en exergue, au cours d'un point de presse, des écarts de conformité avec la réglementation sur certaines installations. "Il s'avère qu'il existe un certain nombre de non conformités par rapport aux référentiels nucléaires de sûreté", a-t-il expliqué, soulignant la nécessité que les corrections soient apportées rapidement.
L'IRSN cite par exemple l'insuffisance des réserves d'eau d'alimentation de secours des générateurs de vapeur, ou encore certains points d'ancrage de tuyauterie qui ne résisteraient pas un séisme. "Ce sont de petits défauts qui peuvent avoir des conséquences graves", a estimé Jacques Repussard, qui a toutefois souligné qu'il n'y avait "pas de sites dangereux" en France. "Les installations dont l'exploitation est autorisée en France peuvent être légitimement considérées comme sûres", estime ainsile rapport de l'IRSN. "L'Autorité de sûreté nucléaire (ASN) a toujours le pouvoir de suspendre le fonctionnement d'une installation si elle n'est pas suffisamment sûre", a de son côté rappelé son président, André-Claude Lacoste.
Commentant la situation de l'EPR de Flamanville, en cours de construction, l'IRSN estime qu'il est "mieux protégé" vis-à-vis des agressions externes (séisme, inondation) que les réacteurs actuellement en exploitation, car il a "bénéficié dès sa conception de dispositions supplémentaires". Les sites nucléaires de Gravelines (Nord), Saint-Alban (Isère) et du Tricastin (Drôme), doivent prendre en compte, de "façon prioritaire", les "phénomènes dangereux" liés à la présence à proximité d'installations industrielles comme des usines chimiques ou de transports de produits explosifs.